Une Europe pas si européenne au menu des Français

Olivier Duhamel, dans ses chroniques de conventionnel en 2003, posait le problème de la couverture faite par les médias français de l’adoption du projet de la constitution par la Convention : « Convaincre les citoyens, certes. Mais comment lorsque des médias ultra-populaires demeurent infra-protozoaires ». L’Union européenne, un échec constitutionnel et un traité de plus, ne passionne toujours pas les médias français.

Press area in the Justus Lipsius Building. Crown copyright.

Petit rappel de la décennie précédente : l’adoption par la Convention avait déjà reçu un traitement médiatique différent, comme aime le préciser Olivier Duhamel dans sa chronique du 14 juin 2003[1], allant d’un sujet d’une unique minute lors du journal télévisé de TF1 à la une de Libération. En 2011, qu’en est-il ? Continuer la lecture de « Une Europe pas si européenne au menu des Français »

Initiative sur le renvoi des criminels étrangers : réactions de la presse européenne et internationale

Un an et un jour après le succès de l’initiative interdisant la construction de nouveaux minarets, le peuple suisse s’est à nouveau prononcé en faveur d’une initiative mettant en avant une double altérité : le renvoi des étrangers criminels. En effet, et avec 53% de oui, le résultat indique malgré tout un clivage entre cantons romands et suisses allemands et le Tessin.

Affiche politique de l’UDC

 

La veille de cette votation, le quotidien genevois Le Temps du 27 novembre 2010 établissait en prenant appui sur un sondage sur la politique d’intégration paru dans le SonntagsBlick, la différence de la perception de l’altérité étrangère entre les suisses romands et les suisses alémaniques : « Question basique pour commencer : « La Suisse compte 22% d’étrangers. Jugez-vous que cette part est trop élevée ? » Les Alémaniques sont 50% à répondre oui, contre 20% seulement des Romands. Un clivage sans appel. » Cependant, l’article pose la différence de modèle comme explication en citant Sandro Cattacin, professeur de sociologie à l’UniGe entre le modèle républicain à la française en Romandie et un modèle basé sur le communautarisme en Suisse alémanique ; le caractère symbolique et non à conséquence économique joue également un rôle dans l’acceptation des initiatives populaires. [1] Continuer la lecture de « Initiative sur le renvoi des criminels étrangers : réactions de la presse européenne et internationale »

L’initiative populaire et la montée du conservatisme en Europe : l’exemple en Suisse

La démocratie directe fait partie du triptyque des valeurs politiques suisses avec la neutralité, le fédéralisme. Ce principe est fortement ancré dans la population suisse qui le place même devant le fédéralisme. Toutefois, il est l’un des écueils à une future adhésion de la Suisse à l’Union européenne aussi bien sur le fond par la peur de la perte de ce mécanisme par le peuple que sur la forme car la démocratie directe jouera le rôle d’approbateur de l’adhésion. La démocratie directe est ainsi un élément central de la vie politique suisse et est citée fréquemment en exemple au sein de l’Union européenne. Néanmoins, les dernières actualités de cet outil démocratique nous amènent à nous questionner sur les volontés d’implémenter des instruments de démocratie participative au sein de l’Union européenne.

 

La Constitution fédérale de 1848 a créé la Suisse moderne et transformé une Confédération en Fédération, même si le nom du pays est resté tel quel. Le principe fédéraliste était ainsi central, cependant il est important de se rendre compte qu’il n’y avait que très peu de démocratie directe. En effet, il n’existait qu’une possibilité d’initiative populaire pour une révision totale de la constitution. Le véritable tournant a été l’année 1874 avec la première révision constitutionnelle et l’introduction du référendum facultatif en tant que mesure de contrôle des lois. Il servait d’instrument oppositionnel et a été introduit sous la pression de la frange la plus radicale et participative du mouvement libéral.

Continuer la lecture de « L’initiative populaire et la montée du conservatisme en Europe : l’exemple en Suisse »

La Francophonie est-elle toujours un enjeu politique ?

À l’orée du Sommet de la Francophonie de Montreux, la question de la francophonie est toujours présente. Ainsi, l’Université de Genève a eu le privilège d’accueillir une conférence sur la Francophonie et la mondialisation le 16 septembre. Face à la mondialisation, il s’agissait de se questionner sur le devenir de la francophonie, de ses capacités de développement et d’adaptation.

Affiche du Sommet de la Francophonie de 2010

Avant toute chose, qu’est ce que la Francophonie ? Francophonie avec une majuscule ou une minuscule ? Le Petit Robert donne comme définition pour la francophonie en petit : « Ensemble des peuples francophones ». Cette définition, assez vague, comporte des termes pouvant être nuancés ou interprétés très facilement. Nous allons donc nous intéresser à une définition plus concrète, celle du grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française. Ce dernier définit la francophonie comme un : « Ensemble des populations dont le français constitue la langue maternelle ou véhiculaire, la langue officielle de leur pays, ou encore pour lesquelles cette langue est significative pour des raisons historiques ou culturelles » et la Francophonie est un : « Réseau de gouvernements, de pays, d’institutions qui ont le français comme intérêt commun et qui participent à des échanges dans le but de resserrer et de développer des liens économiques, culturels et politiques », ainsi la Francophonie ne se résume pas uniquement à l’Organisation Internationale de la Francophonie. Continuer la lecture de « La Francophonie est-elle toujours un enjeu politique ? »

Une question de frontières ? Récit d’un voyage au sein de la zone Schengen

L’adhésion de la Suisse à l’espace Schengen a facilité les déplacements de ses nationaux et ceux des autres pays européens également. Les formalités douanières aux aéroports s’effacent et laissent leur place à une simplification des voyages. Les déplacements en train suivent un modèle identique, au départ ou à l’arrivée des villes suisses, la montée et la descente se fait librement tout comme pour un train régional ou national à l’exception d’une certaine genevoiserie à la gare de Genève Cornavin, gare principale de la ville et du Canton de Genève, avec la persistance de contrôle douanier sur les personnes avant l’entrée des quais.

Cependant qu’en est-il des déplacements par la route ? Cette zone de libre circulation des personnes peut marquer un décalage plus grand dans les politiques d’aménagement du territoire et de développement des transports en Europe. La Suisse, ne participant pas à l’union douanière qu’est l’Union européenne, connaît-elle de grandes différences à ses frontières par rapport à celles intérieures de l’Union européenne ? Continuer la lecture de « Une question de frontières ? Récit d’un voyage au sein de la zone Schengen »

UE : Avatar de choix pour Cameron ?

Un an après les élections européennes, l’avenir de l’Union européenne se joue peut-être au Royaume-Uni avec les élections législatives qui auront prochainement lieu. Les élections européennes ont connu dans ce pays une participation particulièrement basse (34,7%) et ont été dominé par le Parti Conservateur eurosceptique et le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni anti-européen.

Le 6 mai prochain aura lieu au Royaume-Uni des élections législatives appelées General Elections. La Chambre des Communes sera renouvelée et donnera un nouveau Prime Minister au Royaume-Uni. Les trois grands partis britanniques s’affrontent avec la volonté d’introduire leur leader à ce poste : les Travaillistes avec l’actuel Premier Ministre Gordon Brown, les Conservateurs avec David Cameron et enfin les Libéraux-démocrates avec Nick Clegg. Continuer la lecture de « UE : Avatar de choix pour Cameron ? »

L’Europe à Grande Vitesse : la mobilité européenne entravée ferroviairement

Dans un contexte politique international qui a fait des changements climatiques une de ses priorités, la question du transport ferroviaire à l’échelle européenne (passager et marchandise) semble profiter de cette dynamique. Une politique européenne dans le domaine ferroviaire a certes été mise en place, mais les acteurs principaux restent les acteurs nationaux, souvent étatiques. Malgré leur importance, ces acteurs agissent dans un secteur qui n’est pas complètement libéralisé, et de façon paradoxale, pour favoriser la création d’un réseau européen.

Gare de St-Pancreas à Londres

En effet, pour relier les grandes capitales européennes entre elles, le train à grande vitesse est devenu un élément pratiquement incontournable de la vie du voyageur quelque soient les raisons de son périple, affaires ou loisirs.Aller de Paris à Bruxelles ne met que 1h20 depuis le mois de décembre 1997 et nous ne sommes plus obligés de prendre un taxi ou les transports publics pour aller à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle ou Zaventem. De même, le trajet entre Paris et Londres n’est plus que de 2h30, sans compter l’avantage de se rendre à Saint-Pancras, plus proche de la City ou du centre de Londres que les aéroports de Gatwich ou d’Heathrow. Les trains à grande vitesse parcourent l’Europe occidentale, permettant à des euro-citoyens d’aller de ville en ville depuis les années 1990 mais ces améliorations cachent en réalité des différences de traitement. Continuer la lecture de « L’Europe à Grande Vitesse : la mobilité européenne entravée ferroviairement »